Texte paru dans l’édition de février 2015 de socialistes.ch, journal du PSS

La Suisse est le pays de la démocratie. Certes, notre démocratie n’est pas sans défauts, mais elle fonctionne. Pourtant, il est un domaine très important qui lui échappe totalement, alors qu’il concerne chacune et chacun : le monde du travail. Dans les entreprises en effet, seuls les propriétaires ont leur mot à dire. Eux seuls peuvent décider de l’avenir des places de travail, de la répartition des bénéfices, des investissements, des délocalisations, etc. Pourtant, ces décisions peuvent avoir un impact majeur sur la vie des travailleurs et travailleuses concernés, mais aussi de la population de toute une région.

Certes, dans bien des cas, les travailleurs organisés en syndicats, et parfois la population concernée, parviennent à influencer ces politiques, mais ce droit de négociation collective se conquière toujours de haute lutte, n’est jamais acquis et n’existe tout simplement pas dans de nombreuses branches, soit parce que l’organisation des travailleurs y est insuffisante, soit parce qu’un patronat nourri au biberon des idées néolibérales refuse par principe toute immiscion des travailleurs, de leurs représentants ou des élus locaux. Et malheureusement, la loi leur donne presque toujours raison. Il est d’ailleurs piquant de constater que les partis qui prétendent haut et fort défendre la volonté populaire sont en général ceux qui souhaitent restreindre le plus son champ d’application et refusent toute extension des droits de participation et de codécision dans les entreprises, de même que tout contrôle démocratique sur leurs pratiques.

Le PS préconise donc de renforcer la démocratie économique, en particulier en renforçant l’influence des travailleurs à l’intérieur des entreprises. Cela permettra d’une part d’améliorer la compétitivité des entreprises concernées, car ce sont leurs travailleurs qui savent en général le mieux ce qui s’y passe, ce qui peut y être amélioré et comment. Plusieurs exemples récents montre que les travailleurs en savent souvent bien plus sur la rentabilité d’une entreprise ou d’un site qu’une direction souvent conseillée par une poignée de consultants aussi grassement payés que peu au fait des réalités du terrain. Mais surtout, la démocratie économique vise à (re)donner le pouvoir à la majorité de la population. Il n’est pas acceptable qu’une minorité, celle qui s’enrichit de plus en plus, s’octroie le droit de prendre des décisions ayant un impact sur la vie des citoyen-ne-s. Ainsi, quand une entreprise décide de pratiquer l’optimisation fiscale ou de délocaliser, ce sont tous les contribuables, assurés, employés des fournisseurs et sous-traitants qui paient les pots cassés, sans avoir pu donner leur avis.

La démocratie économique devient chaque jour plus nécessaire. D’une part, parce que les multinationales, gagnent chaque jour en pouvoir face à des Etats que la droite veut affaiblir et qui buttent souvent sur leurs frontières lorsqu’ils interviennent. Et, d’autre part, parce que la majorité de droite de notre pays à de plus en plus tendance à vouloir soustraire certains domaines de l’intérêt général à l’influence des élus du peuple : bon nombre de ses propositions visent en effet à confier à des « experts » le soin de fixer certaines règles ou à laisser au « bons soins » du marché certaines prestations. Dans ce contexte, il est d’une part indispensable de réaffirmer la primauté des institutions démocratiques et du service public. Mais il est aussi capital de donner aux travailleurs-euses le droit de prendre part aux décisions qui concernent leur propre avenir.